Des bons d’achat pour lutter contre le tabagisme des femmes enceintes
12 mai 2016
Des bons d’achat pour lutter contre le tabagisme des femmes enceintes
Fumer quand on est enceinte, quels sont les risques ?
Plus on fume, plus la toxicité est importante pour le fœtus. Dans l’utérus, le fœtus reçoit de l’oxygène grâce au sang de sa mère. Quand elle fume, son sang se charge alors en monoxyde de carbone, un gaz particulièrement dangereux. De plus la nicotine empêche une bonne circulation du sang. Le bébé ne reçoit donc pas assez d’oxygène. D’autres substances chimiques contenues dans la fumée sont également toxiques pour le développement du fœtus qui peut ainsi être retardée. C’est ce que l’on appelle un retard de croissance intra-utérin (petit poids de naissance, petite taille, petit périmètre crânien)[1]. Certaines études ont par ailleurs démontré que la cigarette jouait sur l’agressivité du nourrisson et multipliait les risques de dépression de ce dernier, à l'adolescence.
Le tabagisme des femmes enceintes, un fléau bien français
Malgré les risques, de nombreuses femmes enceintes continuent à fumer pendant leur grossesse. Selon l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), 17,8% des femmes enceintes fument toujours au 3e trimestre de leur grossesse.
« La France est le pays en Europe où les femmes enceintes fument le plus », soulignait la ministre de la Santé Marisol Touraine lors d'une conférence de presse[2].
En effet, dans son rapport sur La santé en France et en Europe publié en 2010, le Haut Conseil de la santé Publique affirme qu’en Lituanie, le pourcentage de femmes enceintes fumeuses varie de 5 à 7%. En République Tchèque, Suède et à Malte, il serait estimé à 16%, et atteindrait 17,1% au Danemark contre... 20,8% en France.
Pragmatisme et humilité pour prévenir les risques
Partant de ce constat, il faut tout tenter et la fin justifie les moyens. Et dans le domaine de la santé, les approches les plus pragmatiques sont à privilégier, quoi qu’en pensent les tenants des approches spéculatives des messages de santé publique.
C’est avec la volonté d’agir efficacement sur le comportement des femmes enceintes que seize maternités, participant à cette expérimentation baptisée Fiscp et lancée par l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), avec le soutien financier de l'Institut national du cancer (Inca), vont offrir des bons d'achat à un total de 400 futures mamans qui devront être recrutées. Des volontaires, majeures, qui doivent être enceintes de moins de quatre mois et demi et fumer un minimum de cinq cigarettes quotidiennes (ou trois roulées, mais pas d'autres produits à base de tabac ni de cigarette électronique.
Les résultats ne seront connus que dans deux ans. Les futures mamans seront reçues et suivies en consultation de tabacologie trois ou cinq fois jusqu'à l'accouchement et devront se soumettre à un entretien téléphonique six mois plus tard. Toutes recevront une rémunération de 20 euros à chaque visite. Des bons d'achat valables dans plusieurs enseignes, sauf évidemment pour acheter du tabac ou de l'alcool.
Une femme enceinte entrant dans l'étude en début de grossesse pourrait ainsi recevoir l'équivalent de 300 euros.
Fumer, c’est mal. Mais il ne suffit pas de répéter le message pour que les addicted se sèvrent. Des incitations financières ne sont pas dénuées de sens et ne doivent choquer personne dès lors que les professionnels de santé eux-mêmes reçoivent des compléments de rémunération de la part de l’Assurance maladie pour améliorer la qualité pratique et que les résultats sont au rendez-vous.
[1] https://www.tabac-info-service.fr/J-arrete-de-fumer/Grossesse-sans-tabac
[2] Intervention de Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé, et des Droits des femmes, Conférence de presse - Annonce du Programme national de réduction du tabagisme, 25 septembre 2014.