L’état de santé des Français. Inégaux face aux risques de santé certes, mais des indices d’améliorations
17 février 2015
L’état de santé des Français
Bilan d’autopsie : inégaux face aux risques de santé certes, mais des indices d’améliorations qui accréditent les politiques de prévention.
Comparativement aux pays de même niveau de vie, l’état de santé en France apparaît globalement bon, notamment au regard de l’espérance de vie et pour certains indicateurs thématiques comme la mortalité cardio-vasculaire.
Mais des disparités importantes perdurent, tant entre hommes et femmes qu’entre territoires ou catégories sociales.
Ce sont là les conclusions de l’édition 2015 du rapport sur l’état de santé de la population en France établi par la Direction de la recherche et des études, de l’évaluation, et des statistiques (DREES).
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Des disparités sociales importantes et qui persistent
À âge et à sexe égal, l’existence et l’importance des problèmes de santé sont d’abord liées à la position sociale et au niveau d’études. Tous les indicateurs, que ce soit l’état général de santé déclaré, la mortalité, la mortalité prématurée, l’espérance de vie, la morbidité déclarée ou mesurée, le recours aux soins font apparaître un « gradient » selon la catégorie socioprofessionnelle ou le niveau d’études.
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Des disparités territoriales qui croisent les problématiques sociales et environnementales
Disparités territoriales et sociales sont étroitement liées : les inégalités sociales constituent un déterminant important des inégalités territoriales de santé du fait de la variabilité des catégories sociales au sein d’un territoire. Ces situations sont le plus souvent accentuées par l’évolution du contexte économique et spatial.
Les indicateurs de mortalité illustrent ces disparités. En 2012, la mortalité infantile accuse une différence de 5 points entre métropole et DOM, à l’avantage de la métropole, et les indicateurs de mortalité périnatale et néonatale sont également très défavorables pour les
DOM considérés ensemble, rendant compte d’une situation périnatale globalement plus défavorable. Ceci est confirmé par d’autres indicateurs comme la prématurité et le petit poids de naissance qui sont à un niveau plus élevé que n’importe laquelle des régions en métropole pour les quatre DOM pour lesquels ces données sont disponibles.
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Environnements géographique et social interviennent également dans la répartition de l’offre de soins, entraînant des disparités d’accès aux soins
La cohérence de l’offre de soins relève de la compétence des Agences Régionales de Santé dont l’une des missions consiste précisément à implanter les ressources médicales en fonction de besoins de la population.
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Les environnements physiques peuvent agir sur certains déterminants de santé comme les expositions environnementales
Certains indicateurs présentent en effet des différences liées aux niveaux d’exposition à des agents ou polluants environnementaux comme les polluants de l’air, de l’eau ou le radon.
Concernant la qualité de l’air, de nombreuses études montrent que le bénéfice sanitaire d’une diminution des niveaux d’exposition pourrait être tout à fait substantiel en termes de mortalité et de morbidité. En moyenne, chaque citoyen européen pourrait gagner 8 mois d’espérance de vie si la pollution était ramenée aux concentrations préconisées par l’OMS.
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Les déterminants liés aux comportements individuels
L’excès de consommation d’alcool est à l’origine d’une part importante de la morbidité (cancers, maladies chroniques du foie, atteintes psychiques, séquelles d’accidents) et de la mortalité prématurée. La quantité moyenne d’alcool pur mise à disposition des consommateurs sur le territoire français en 2012, s’établit à 11,8 litres par habitant âgé de 15 ans et plus. Cette quantité équivaut à une moyenne de 2,6 verres standards (verres d’alcool contenant 10 grammes d’alcool pur) par habitant de 15 ans et plus et par jour. La diminution de la consommation d’alcool sur le territoire français, assez rapide au début des années 2000, s’est ralentie depuis 2005 mais la baisse se poursuit. Elle s’inscrit dans une tendance plus ancienne et provient essentiellement de la baisse de la consommation de vin.
Par ailleurs, en France, le nombre annuel de décès attribués au tabagisme a été estimé à 73 000. La mortalité par cancer du poumon est l'indicateur le plus spécifique des effets du tabac sur la santé. Si, à la suite de l’importante baisse du tabagisme en France, notamment parmi les hommes, on observe actuellement une diminution du taux standardisé de décès pour les tumeurs du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon, la consommation de tabac constitue la première cause de mortalité évitable, loin devant l’alcool. Si le nombre de décès continue de progresser, le taux standardisé de décès a continué de diminuer entre 1990 et 2011 chez les hommes (-23 %), alors qu’il progresse toujours chez les femmes durant cette période (+100 %), en lien direct avec le développement du tabagisme féminin au cours des dernières décennies. Si l’on considère l’ensemble des deux sexes, il existe une baisse globale de 7%.
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Des disparités selon le genre : un écart qui se comble
Cet état des lieux, sorte d’autopsie des Français, raconte comment notre pays souffre encore de ses inégalités et de ses causes de mortalités évitables. Mais nous progressons : les écarts entre les hommes et les femmes tendent à se réduire concernant des indicateurs qui s’améliorent, et notre état de santé est bon par rapport à d’autres pays comparables.
Selon le CISS, et toutes choses égales par ailleurs, la promotion de la santé et la prévention des risques sont des facteurs prioritaires pour permettre de gagner en performance en matière d’égalité en santé.
A cet égard, il est essentiel d’évaluer humblement et précisément l’impact des messages de prévention afin d’être en mesure d’investir dans de nouvelles stratégies complémentaires pour toucher les publics qui n’ont pas encore pu être sensibilisés de façon adéquate.
Ainsi, un colloque organisé le 20 novembre 2014 à Paris par l'Institut Pasteur de Lille, la fondation Pileje et l'association Coopération Santé, s'est intéressée aux leviers qui pourraient inciter davantage de contemporains à changer leurs comportements en matière de santé. Une enquête a notamment relevé que si 57 % des personnes interrogées parviennent à mettre en place des mesures bénéfiques à leur santé, encore plus d'un tiers (36 %) se présentent comme des « adeptes contrariés de la prévention », c'est-à-dire des personnes qui suivent les recommandations mais difficilement, ou encore qui ne les suivent pas… mais y aspirent.