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Le fumeur a tendance à être un futur ex-fumeur !

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26 février 2015

Bon Point

Le fumeur a tendance à être un futur ex-fumeur !

Quelles sont les caractéristiques et les évolutions récentes de la consommation de tabac en France métropolitaine ? En interrogeant plus de 15 000 personnes, le Baromètre santé Inpes 2014 (*) permet de faire le point sur la prévalence du tabagisme et les profils et habitudes des fumeurs.

Dans le domaine du tabagisme, sont ainsi abordés en plus de la consommation (par sexe et âge), la motivation au sevrage, les tentatives d’arrêt, les recherches d’aide sur Internet, les inégalités sociales en matière de tabagisme, l’exposition au tabagisme passif au domicile, le recours à des substituts nicotiniques et, depuis 2014, la cigarette électronique.

 

 

Les bonnes nouvelles… à relativiser…

 

  • Le Baromètre santé de 2010 avait montré une hausse de la prévalence tabagique par rapport à 2005, notamment chez les femmes. Celui de 2014 indique une diminution de la consommation de tabac et une prévalence stable avec 34% de fumeurs dans notre pays. Ces chiffres restant tout de même largement supérieurs à ceux de pays comme la Grande- Bretagne, le Canada ou l’Australie.
  • Le tabagisme quotidien apparaît en légère baisse passant de 29% en 2010 à 28% en 2014. Mais cette baisse concerne uniquement les femmes qui sont 24% à fumer tous les jours en 2014 contre 26% en 2010.
  • La proportion de fumeuses quotidiennes est en baisse, passant de 26% en 2010 à 24% en 2014. Cette tendance s’avère significative chez les 20-44 ans. Cependant, la reprise du tabagisme chez les femmes est un fait observé.
  • La proportion d’ex-fumeurs est en augmentation par rapport à 2010 : 31% en 2014 vs 29%. Par contre l’expérimentation du tabac est plus répandue puisqu’elle concerne 80 % des 15-75 ans en 2014 contre 75% en 2010.
  • La quantité de tabac fumée est également en légère baisse (de 11,9 à 11,3 cigarettes par jour), mais ce n’est pas le cas parmi les fumeurs quotidiens. La consommation quotidienne est comprise entre 5 et 15 cigarettes par jour.

Barometre santé Inpes-evolution fumeurs 2010-2014

 

 

Une situation préoccupante s’agissant des femmes enceintes

 

Selon l’Inpes, 17,8% d’entre elles fument toujours au 3e trimestre de leur grossesse. Elles sont près d’une femme sur cing à toujours fumer en fin de grossesse. C’est le taux le plus élevé d’Europe. Face à cette situation préoccupante, Marisol Touraine a annoncé la mise en place d’un pictogramme « femmes enceintes » qui apparaîtra systématiquement sur tous les paquets de cigarettes dans un délai de six mois, pour sensibiliser les femmes aux dangers du tabac pendant leur grossesse.

 

 

Le tabagisme, marqueur d’inégalités sociales

 

L’analyse des évolutions de la prévalence du tabagisme régulier depuis 2000 selon le niveau de diplôme, la situation professionnelle (parmi les 15-64 ans : travail, chômage, études) ou le niveau de revenus montre que les inégalités en matière de tabagisme, qui se sont renforcées entre 2000 et 2010, se maintiennent en 2014.

 

 

Demain, j’arrête !

 

  • 29% des fumeurs quotidiens ont essayé d’arrêter de fumer dans l’année. Parmi eux, 71% ont stoppé leur consommation pendant au moins une semaine, sans différence significative avec ce qui était observé en 2010 (69%).
  • La proportion de fumeurs quotidiens ayant fait une tentative d’arrêt dans l’année est en hausse : 29% en 2014 vs 25% en 2010. Cette hausse est particulièrement importante chez les 15-24 ans : 54% en 2014 contre 41% en 2010. Comme en 2010, les plus jeunes sont de loin les plus nombreux à déclarer avoir fait une tentative d’arrêt dans l’année.
  •  La proportion de fumeurs réguliers déclarant avoir envie d’arrêter de fumer n’a pas varié de manière significative par rapport à 2010. L’envie d’arrêter de fumer est partagée par 59,5% d’entre eux.

 

La e-cigarette, une aide au « e-décrochage » ?

 

  • 26% des 15-75 ans l’ont testée, soit 12 millions de personnes. « 6 % des 15-75 ans sont vapoteurs, soit environ 3 millions de personnes, dont 3 % de manière quotidienne (environ 1,5 million de personnes) », nous apprend le Baromètre santé.
  • La cigarette électronique est beaucoup plus attractive pour les fumeurs : 98% des vapoteurs sont ou ont été fumeurs et les trois quarts affirment utiliser la cigarette électronique comme substitut à la cigarette ordinaire.
  • 71% des fumeurs vapoteurs et 66% des ex-fumeurs vapoteurs justifient leur usage par les économies qu’il permet.
  • 66% des fumeurs vapoteurs et 80% des ex-fumeurs vapoteurs justifient leur choix car ils considèrent la « version électronique » comme moins mauvaise pour leur santé. D’autres critères de motivation comme la liberté d’usage (la législation est pour le moment moins stricte que pour la cigarette ordinaire, interdite dans les lieux publics), le respect des autres ou encore le goût ou la simple curiosité sont aussi évoqués par les sondés.
  • La cigarette électronique est vue comme une aide à l’arrêt par les fumeurs vapoteurs : 88% d’entre eux estiment qu’elle leur permet de réduire le nombre de cigarettes ordinaires fumées ;  82% affirment qu’elle leur a permis de réduire leur consommation de tabac  et 68% disent avoir envie d’arrêter de fumer, contre 54% des fumeurs non-vapoteurs. Les fumeurs-vapoteurs sont donc plus motivés que leurs homologues « fumeurs-simples » pour décrocher du tabac.

 

Résistons à la puissance marketing de l’industrie du tabac

 

La meilleure façon d’éviter les addictions, c’est encore de ne jamais céder à l’attrait apparent de la cigarette.

Non, la cigarette n’est pas fun, c’est un poison qui cause des millions de morts chaque année en France. En moyenne, un fumeur régulier sur deux meurt prématurément des causes de son tabagisme, et la moitié de ces décès se situent entre 35 et 69 ans.

Sortons de cette dépendance mortifère ! La pression exercée sur les jeunes, cible préférée des cigarettiers, doit être combattue par des actions éducatives, de prévention et de promotion de la santé.

C’est dans cet objectif que le CISS propose d’instaurer des parcours éducatifs en santé, tout au long de la scolarité ainsi que sur l’ensemble des domaines de l’éducation à la santé (voir amendement n°2 des 31 propositions d'amendements du CISS en vue du projet de loi relative à la santé).

 




(*) http://www.inpes.sante.fr/Barometres/barometre-sante-2014/index.asp