Renoncement aux soins : le temps des actes est venu !
01 juillet 2014
Renoncement aux soins : le temps des actes est venu !
L’enquête santé et protection sociale (ESPS), menée par l'Institut de recherche et documentation en économie de la Santé (Irdes) tous les deux ans, existe depuis 1988.
Pour sa dernière édition, portant sur l’année 2012, plus de 8 000 ménages et 23 000 individus ont répondu à différentes questions, relatives notamment à leur état de santé, leur accès à la complémentaire santé, et leur recours ou renoncement aux soins.
Un niveau de couverture complémentaire élevé mais loin d’être intégral
En 2012, 5% de la population déclare ne pas être couverte par une complémentaire santé (6% déclarent bénéficier de la CMU-c et 89% d’une autre complémentaire santé).
Dans le contexte d’une prochaine généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés du secteur privé, il est intéressant de relever que les individus non concernés par ce dispositif (salariés hors secteur privé, non-salariés, chômeurs et inactifs) déclarent en moyenne plus souvent n’être pas couverts par une complémentaire santé (5,6%) ou bénéficiaires de la CMU-c (7,6%).
Cela fait réfléchir quant à l’efficacité de la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise car il semblerait bien que le cœur de la population cible (ne disposant pas de complémentaire santé) ne se situe pas dans les entreprises du secteur privé… D’ailleurs, près des 2/3 des salariés du privé déclarent déjà disposer d’une complémentaire santé d’entreprise.
Des niveaux de renoncement aux soins importants et variables selon que l’usager dispose ou non d’une complémentaire santé
« Le concept de renoncement aux soins vise à identifier des besoins de soins non satisfaits, c’est-à-dire non reçus alors que le patient en ressentait la nécessité »
Ainsi, en 2012, près de 26 % des personnes déclarent avoir renoncé à au moins un soin pour raisons financières.
Comme dans les précédentes enquêtes, les personnes sans complémentaire sont les plus touchées : 24% d'entre elles ont renoncé à des soins d'optique contre 15% chez les bénéficiaires de la CMU-c et moins de 9% chez ceux qui bénéficient d'une complémentaire santé autre que la CMU-c.
Les personnes appartenant aux 20% de ménages les plus pauvres sont 15% à déclarer un renoncement à des soins d'optique contre seulement 3,6% pour les 20% les plus riches.
Trop souvent associés exclusivement aux soins dentaires et optiques, les renoncements aux soins s’observent également pour les consultations médicales vis-à-vis desquelles ils atteignent près de 15% pour les usagers sans complémentaires.
Des enseignements chiffrés qui justifient pleinement la généralisation annoncée du tiers-payant chez le médecin, afin que le problème de l’avance des frais ne soit plus, pour personne, un obstacle à l’accès aux soins !
Restera toutefois entier le problème des dépassements d’honoraires qui, quels que soient les résultats que produira le contrat d’accès aux soins, demeureront toujours un reste-à-charge payable au médecin susceptible de pousser au renoncement.
Des renoncements qui s’expliquent aussi par les délais d’attente
Cette enquête pose aussi « de nouvelles questions sur les renoncements aux soins liés à des difficultés d'accès » : 17,1% des personnes interrogées disent avoir renoncé à des soins parce que le délai d'attente pour un rendez-vous était trop long et 3% parce que le cabinet était trop éloigné ou en raison de difficultés de transports.
Quelles solutions pour lutter efficacement contre les déserts médicaux et garantir à chacun l’égal accès aux soins ?
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Référence :
« L’Enquête santé et protection sociale (ESPS) 2012. Premiers résultats », Institut de recherche et documentation en économie de la Santé (Irdes), Questions d’économie de la santé, n° 198, mai 2014, publiée le 27 juin 2014
