66 Millions d'Impatients interpelle sur les déserts médicaux... et plus
15 mars 2016
66 Millions d'Impatients interpelle sur les déserts médicaux... et plus
Déserts médicaux : vers une régulation de l’installation des médecins ?!
Le Collectif Interassociatif sur la Santé et 66 Millions d’IMpatients se mobilisent au quotidien pour défendre les droits des malades, des patients et de tous les usagers du système de santé. Sur le site www.66millionsdimpatients.org, s'ouvre aujourd'hui un nouvel espace de mobilisation, en particulier autour de la question de la désertification médicale.
192 « déserts médicaux » recensés en 2015
Nous sommes de plus en plus nombreux à être confrontés à la difficulté d’obtenir un rendez-vous chez le médecin : 63% des Français déclarent en effet avoir déjà été au moins une fois dans l’impossibilité de consulter un médecin (généraliste et / ou spécialiste) dans un délai raisonnable. Les plus affectées sont les 2,5 millions de personnes qui vivent dans un des 192 « déserts médicaux » recensés en 2015 par le Conseil national de l’Ordre des médecins en France métropolitaine.
Et cela risque de s’aggraver dans les années à venir : nombre de médecins aujourd’hui en exercice approchent de l’âge de la retraite, notamment dans les territoires où ils sont déjà peu nombreux et dans lesquels la relève est difficile à trouver et à fidéliser !
Pourtant, on ne manque pas de médecins en France. Avec une moyenne d’un praticien en activité pour 300 habitants, on compte parmi les pays avec la plus forte densité médicale moyenne. Mais les moyennes cachent de grandes disparités :
- selon les spécialités dont certaines sont en souffrance comme en ophtalmologie par exemple,
- selon les territoires où l’accès à certaines spécialités, voire même en médecine générale, est problématique.
Plus qu’un problème de démographie, notre pays doit faire face à un manque d’attractivité de certaines spécialités médicales, et surtout à une répartition très inégale des médecins sur le territoire. Deux facteurs clés sur lesquels il est important d’agir simultanément.
Différents leviers peuvent être actionnés, de façon complémentaire, pour répondre à ce double phénomène, conditionnant un accès géographique plus équilibré au médecin : agir sur leur formation, augmenter les mesures incitatives existantes proposant un accompagnement matériel et financier, réguler leur installation pour éviter qu’ils n’aillent exercer dans les territoires où la densité médicale est déjà plus importante qu’ailleurs, innover en matière de pratique médicale.
Pour en savoir plus sur les déserts médicaux vous pouvez consulter :
- Le film pédagogique réalisé par le Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS) "Recherche médecin désespérément – Des clés pour comprendre, des pistes pour agir" :
- Actes de la journée interassociative de réflexion sur le thème "Déserts médicaux : territoires en tension", organisée le 4 novembre 2015 par le CISS, la Fnath et l'Unaf.
Dans le cadre des négociations sur la nouvelle convention médicale, mobilisons-nous sur la question des déserts médicaux
Il se trouve que l’Assurance maladie et les syndicats représentant les médecins libéraux sont en train de négocier la nouvelle convention médicale, qui régit les relations et obligations réciproques entre les médecins libéraux qui dispensent les soins et la Sécurité sociale qui les rémunère en grande partie. Or, des dispositions peuvent être prises dans le cadre de cette convention pour plusieurs des leviers actionnables afin de répondre aux déserts médicaux.
Et il faut notamment rappeler la possibilité d’intégrer à la convention médicale des critères de régulation de l’installation des médecins, notamment le « conventionnement sélectif » qui consiste à ne pas permettre le conventionnement d’un médecin par l’Assurance maladie lorsqu’il choisit de s’installer dans un territoire où il y a déjà un nombre suffisant de médecins de sa spécialité en exercice (à moins que son installation corresponde au départ d’un de ses confrères). Ce type de « conventionnement sélectif » existe déjà pour les infirmiers libéraux et a permis de réorienter l’installation de ces professionnels de santé vers les territoires où ils sont moins nombreux.
D’autres modes de régulation de l’installation des médecins peuvent aussi être envisagés, comme celui existant pour les pharmaciens qui doivent obtenir une autorisation administrative de l’agence régionale de santé pour créer une pharmacie. Ce type d’autorisation existe aussi pour de nombreux autres « offreurs de soins », par exemple pour les établissements de santé : on ne peut pas créer un hôpital ou une clinique où bon nous semble, ni même un établissement médico-social. On voit que pour toute offre de soins il est important de disposer de moyens pour l’encadrer et la réguler, de façon à ce qu’elle réponde au mieux aux besoins de la population dans son ensemble.
Dans l’immédiat, à l’heure où une nouvelle convention médicale est en négociation, il nous semble important de rappeler aux parties prenantes à cette négociation que des réponses concrètes et efficaces aux déserts médicaux doivent être LA priorité de la convention ! Et nous vous invitons à soutenir cette demande en interpellant les parties prenantes en question :
Rendez-vous sur l'espace mobilisation
www.66millionsdimpatients.org/lespace-mobilisation
- Déserts médicaux : vers un encadrement de l'installation ?!
- Pour une Europe de la santé : les réponses des principaux partis en campagne en France
- La contraception, toujours difficile d’accès dans le département de l’Oise. Le Planning familial tire la sonnette d’alarme.