E-santé : « A qui ce futur sera-t-il accessible ? »
05 mai 2011
« A qui ce futur sera-t-il accessible ? »,
Contribution de Christian Saout, président du CISS, au débat du magazine Regards sur le numérique (RSLN), intitulé « [e-santé] ? Le futur est-il déjà là ? »
Le futur est certainement déjà là. Il nous faut en soutenir le meilleur, et éviter le pire.
Pour commencer, il faut rendre acceptables les nouvelles technologies dans la santé : individuellement et collectivement. A l’évidence, chacun acceptera la télémédecine. Et pour cause, à défaut de présence médicale, il faudra bien s’en remettre à la médecine à distance.
Pourtant, l’aménagement du territoire en France n’a pas à relever les défis du grand nord canadien ! Derrière cette avancée, se profile un choix de société qu’il faut impérativement discuter : si nous ne sommes pas capables de répartir les médecins harmonieusement sur le territoire cela veut dire qu’il y aura donc deux France(s) : celle des grandes villes et des bords de mer avec une offre de santé pléthorique, et celle des zones délaissées où subsisteront des postes de santé avec des infirmières et des pharmaciens. Pas très glorieux pour un pays qui met le principe d’égalité au fronton de la République !
Autre sujet : la protection de la vie privée. Si la protection des données individuelles de santé est vraisemblablement meilleure avec l’électronique qu’avec des données recensées sur des papiers accessibles à n’importe quel quidam, l’accès délictuel aux données, que l’on doit contrer et réduire au maximum, peut se révéler potentiellement dangereux : la rupture de sécurité permettra l’accès à des milliers de données d’un seul coup et la manipulation de ces données peut avoir des conséquences délétères pour la vie ou la survie des individus.
Enfin, à qui ce futur sera-t-il accessible ? Car l’assurance maladie ne pourra pas financer toutes les innovations. Une bonne part d’entre elles ne sera donc accessible que dans l’espace marchand. Eventuellement dans le cadre des assurances complémentaires. Mais à quel prix ? Là aussi, va-t-il y avoir deux France(s) : celle qui dispose des moyens d’une télésanté astucieuse et pertinente et celle qui sera contrainte de s’en priver ?
Comme le Janus de la mythologie romaine, le numérique a deux visages. Il nous faut les réconcilier. Il est d’ailleurs singulier que dans le jargon informatique, un Janus signifie un faux-nez. Ce n’est qu’en réparant cette dualité que le numérique a quelques espoirs de répondre aux attentes de nos concitoyens dans le domaine de la santé.
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