Retour sur le 1er débat des "Jeudis de la santé" organisé par Libération
17 mars 2014
Retour sur le 1er débat des "Jeudis de la santé" organisé par Libération
En tant que partenaire de cet événement, le CISS était présent jeudi dernier, le 13 mars, à l'Institut Pasteur où se déroulait le premier "Jeudi de la santé" sur le thème du mariage (ou du divorce ?) de la Sécurité sociale et des mutuelles. C'est avec une oreille attentive que nous avons écouté les réflexions des trois intervenants à la tribune : Brigitte Dormont, économiste à Paris-Dauphine, Etienne Caniard, président de la Mutualité Française, et Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris.
Eric Favereau, journaliste Santé à Libération, qui animait les débats, a écrit une synthèse relatant les échanges cette première édition des Jeudis de la santé. Ci-dessous, retrouvez l'article d'Eric Favereau du 17 mars 2014, "«Sécu et mutuelles, marions-les !» : les moments forts du débat".
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Jeudi 13 mars, «Libération» lançait une série de débats consacrés à la santé publique. Au programme de cette première édition, l'organisation complexe de notre système de santé, partagé entre Sécu et mutuelles.
Le premier «Jeudi de la santé», soirée-débat organisée par Libération, n’est pas passé inaperçu. Le thème était pourtant un peu aride : «Sécu et mutuelles : marions-les !» Les amoureux de chiffres, de sigles et de courbes n’ont pas été déçus. Le public, manifestement fait de connaisseurs, était avide de prendre des notes. Une foule attentive et sérieuse. Il est vrai que les enjeux sont réels, et les conséquences bien concrètes.
En accueillant ce premier débat, Christian Bréchot, tout nouveau directeur de l’Institut Pasteur, où se tenait l’événement, a pu se féliciter que dans la maison de Louis Pasteur, on débatte fortement de santé publique. Brigitte Dormont, économiste à Paris-Dauphine, a décrit, en préalable, une situation qui ne s’améliore pas sur le front des remboursements. Développant ce qu’elle disait la veille dans Libération : «Pour l’immense majorité des assurés qui n’ont pas d’affection de longue durée (80% d’entre eux), la couverture par la Sécurité sociale pour l’ensemble des soins est inférieure à 60%. Plus grave, les sommes à la charge des patients ne sont pas plafonnées, à la différence de nos partenaires européens. Du coup, les patients ne sont pas protégés contre le risque d’avoir des dépenses catastrophiques. En 2010, 1% des patients ont eu en moyenne presque 5000 euros à leur charge ! Il faut bien comprendre que le taux de couverture moyen ne dit pas tout, s’il n’y a pas de limite posée aux dépenses à la charge des plus malades !»
Etienne Caniard, président de la Mutualité Française, était au départ un brin inquiet. N’allait-on pas accuser, encore, les mutuelles de tous les maux ? L’ancien membre du collège de la Haute Autorité de santé connaît par cœur les enjeux. Elu à la tête de la Mutualité, il a toujours expliqué que la priorité est, pour lui, «la lutte contre les inégalités». «Au lieu de s’attaquer aux conséquences, il faut regarder aussi les origines de ces dérapages. Nous sommes à un moment où tout est neuf, il y a un long passé, avec des successions d’organismes et de structures». Et de noter une évolution troublante : «Alors que l’Assurance maladie quitte, de plus en plus, le lien avec le monde du travail, en devenant un système beaucoup plus universel que professionnel, nous voyons que le système des complémentaires évolue en situation inverse», avec le développement des contrats collectifs. Lui aussi s’est montré inquiet. Notant pêle-mêle : «On évoque un problème de prix des médicaments, mais il y a d’abord un problème de prescription». Ou notant la «suroffre hospitalière ». Au final, la France est un des rares pays au monde où le recours aux soins «empire».
Le nouveau directeur général de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, non sans justesse, a enfoncé le clou, et pris quelques exemples de ce que l’on appelle le reste à charge, c’est-à-dire ce que paye, au final, l’assuré de sa poche. Pour des interventions chirurgicales classiques, où le patient n’y est pour rien, on arrive fréquemment à plusieurs milliers d’euros. Et certains assurés sont obligés, même, d’emprunter pour y faire face.
Dans la salle, on écoutait, on témoignait, on interrogeait. Un médecin a vanté les mérites du système particulier de l’Alsace-Moselle. Un retraité s’est alarmé du prix qui s’envole des contrats individuels, un jeune également. Et Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé à Sciences Po, a interrogé le président de la Mutualité sur l’accord ANI, dit flexi-sécurité (accord national interprofessionnel sur la compétitivité et la sécurisation de l’emploi), qui généralise l’accès aux complémentaires à tous les salariés. «Cela va avoir une conséquence inévitable : une hausse des complémentaires en individuel. Mais de combien ? Avez-vous des indications ?». Les questions - et les réponses - ont fusé. Une heure et demie de débat, c'était encore trop court.
RETROUVEZ L'ARTICLE D'ERIC FAVEREAU sur LIBERATION.FR, avec les illustrations de Tommy et l'intégralité du débat en VIDÉOS
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