Forum sur la précarité et l’accès aux soins : replacer les « droits » au cœur des problématiques de santé
15 octobre 2014
Forum sur la précarité et l’accès aux soins : replacer les « droits » au cœur des problématiques de santé
Il y a un an, Aline Archimbaud, sénatrice Europe Ecologie-Les verts de Seine-Saint-Denis, remettait au Premier ministre un rapport parlementaire demandant d’améliorer l’accès aux soins et aux prestations sociales des personnes les plus démunies, en appelant à un « choc de solidarité ».
Le Forum pour l’Accès aux droits organisé le week-end dernier à l’Université Paris 8, à Saint-Denis, relance le combat.
Près de 400 intervenants – associations, élus, médecins – ont échangé sur l’accès aux droits des populations les plus fragilisées. Le constat est implacable : de plus en plus de familles précaires désertent les structures de soins faute de ressources. Dans un entretien accordé au journal Libération vendredi dernier, Aline Archimbaud exprimait ses craintes.
INTERVIEW d'ALINE ARCHIMBAUD pour Libération -
« L’effet du non-recours aux droits est ravageur », 10 octobre 2014
Plusieurs centres de dépistage de maladies comme la tuberculose pourraient fermer faute de financements. Où en est-on concrètement ?
La réapparition de cette maladie signale, s’il en était encore besoin, que la précarité s’accroît. Des discussions ont eu lieu avec la ministre Marisol Touraine pour trouver une solution. Il serait inconcevable qu’on prive ces centres de moyens, leur fermeture créerait une situation de grave danger sanitaire pour l’ensemble de la population.
Quel est l’objectif de ce forum pour l’accès aux droits ?
En partant d’une réflexion sur le non-recours aux droits en matière de santé (10 à 24% pour la CMU complémentaire, plus de 60% pour l’aide à la complémentaire santé), nous avons vite constaté que le non-recours à tel ou tel droit se cumulait souvent avec d’autres : droit au logement, au transport, à l’éducation, à la formation, à la justice. Pour faire aboutir un dossier et obtenir l’ouverture de droits de toute nature, il faut suivre un parcours du combattant : incroyable complexité des dossiers, manque d’information, de proximité, pénurie d’interlocuteurs physiques. A quoi s’ajoute l’inhibition provoquée par le discours sur les prétendus «chômeurs fraudeurs». Il y a un an, en remettant un rapport au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, je l’avais alerté : le non-recours provoque des effets de seuil ravageurs, des ruptures dramatiques. Il engendre amertume, colère, sentiment de désespérance. Il met en danger la cohésion nationale, aggrave les divisions dans la société, déchire profondément le lien démocratique et favorise la montée des extrémismes.
Comment lutter contre le cruel manque de moyens ?
C’est la non-ouverture de ces droits qui coûte cher ! Chacun sait bien qu’elle aggrave la situation des personnes qui, du coup, retardent leurs soins, rognent sur des dépenses. Il faut simplifier les procédures, valoriser de nouveaux métiers plus transversaux et impulser l’essaimage de pratiques innovantes et préventives.
Ainsi Aline Archimbaud plaide notamment pour un « choc de simplification » des procédures administratives (allègement des démarches, fusion des dispositifs), souvent rédhibitoires pour les publics démunis, afin de lutter contre le non-recours aux droits.
Un décret simplifiant les conditions d'accès à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) pour les non-salariés agricoles a été publié au Journal officiel vendredi 10 octobre 2014… Bien d’autres textes pourraient utilement favoriser le plein exercice des droits des usagers qui en ont le plus besoin… Un projet de loi de santé n’est-il pas en cours d’examen ?
Interviews d’Aline Archimbaud à retrouver sur son site alinearchimbaud.fr
- "Participations des usagers et démocratie en santé" : appel à contributions
- Lutter contre la fraude en santé : une obligation, certainement pas LA solution
- Extension de la suspension de peines pour raisons médicales